Page:Gentil, La chute de l’empire de Rabah, Hachette, 1902.djvu/214

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Comme on le voit par cette lettre, écrite à la date du 14 avril, les deux missions se trouvaient à peu près bloquées dans la ville, sans grandes munitions et sans approvisionnements.

De plus, on était sans renseignements certains sur Rabah qui était à cette date occupé à construire un retranchement à six kilomètres environ au Nord-Ouest de la ville.

C’est pour pouvoir opérer en paix la construction de son camp, qu’il avait envoyé des partis de cavaliers excessivement entreprenants, qui dans les trois escarmouches mentionnées par le commandant avaient tué une dizaine d’hommes aux nôtres, entre autres deux tirailleurs algériens à la garde du troupeau.

C’est dans les environs de Bougoman que me parvinrent ces nouvelles du commandant Lamy, c’est-à-dire à quelques journées de marche de Koussouri. Il fallait se dépêcher.

Gaourang, qui nous suivait toujours, avait, fort heureusement pour nous, fait la découverte d’un de ses anciens silos de mil encore intact ; il en partagea le contenu avec nous, de sorte que nous nous trouvâmes à la tête d’une vingtaine de jours de vivres en grains pour nos hommes.

Après Bougoman, nous atteignons Miskin, puis Milé. Nous sommes tout près de Logone, occupé par Fad-el-Allah. Nous nous attendons à une attaque ; mais personne ne se présente au devant de nous, et cependant Fad-el-Allah et Rabah sont renseignés sur notre marche[1].

Seule une petite patrouille de cavaliers, venus par la rive droite en éclaireurs, nous est signalée par le chef de Milé qui a reçu de l’un d’eux une balle qui lui a éraflé le crâne. Apercevant les Baguirmiens en nombre sur la rive gauche, ils s’enfuient sans même nous avoir découverts, cachés que nous sommes dans des fouillis de brousse épineuse.

Chaque jour qui s’écoule nous rapproche davantage de la mission Saharienne. Le 21, à midi, nous nous préparons à déjeuner et, au moment de nous mettre à table, on m’annonce l’arrivée du

  1. Dans la correspondance de Rabah tombée entre mes mains se trouve une lettre de Fad-el-Allah à son père, lui annonçant mon passage à Maïnheffa.