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Page:Gentil, La chute de l’empire de Rabah, Hachette, 1902.djvu/236

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En hâte nous regagnons nos demeures respectives ; vers huit heures du soir seulement, le convoi de blessés arrive à Koussouri. Le docteur Haller, débarquant le premier, vient nous annoncer la mort du commandant.

Bien que prévue, cette nouvelle nous atterra. Ce valeureux soldat, que j’avais vu le matin même si plein de vie, donnant ses ordres d’une façon si nette, n’était plus qu’un cadavre. Ah ! la victoire qu’il nous avait donnée, coûtait bien cher ! Ses soldats avaient perdu en lui un chef admirable, et le pays, un de ses plus brillants officiers. Pourquoi fallait-il qu’un triomphe aussi complet fût assombri par un pareil deuil !

Nos morts sont rassemblés dans le tata. Dès le lendemain matin, on fait leur toilette funèbre et l’on se dispose à les ensevelir.

Toute la garnison a pris les armes pour accompagner à leur dernière demeure les braves qui sont tombés ; nous allons les enterrer à l’extérieur de la ville dans l’espace libre compris entre les maisons et les remparts. Il plane alors sur nous tous, sur les nôtres comme sur les indigènes, une immense tristesse. La terre qui va recouvrir nos morts de la veille est une terre lointaine, mais Dieu merci ! c’est une terre française qu’ils ont conquise au prix de leur sang.

Après quelques paroles d’adieu prononcées par le capitaine Reibell, par le capitaine Robillot et par moi, les tombes sont refermées et l’on se retire pour se préparer à poursuivre les opérations.

Pendant que se livrait le combat de Koussouri, Fad-el-Allah était en effet resté cantonné dans la ville de Logone. Une partie des fuyards rabistes l’y avaient rejoint et lui avaient apporté la nouvelle de la mort de son père. Il importait de le chasser de la ville.

Aussi, dès le surlendemain, 25 avril, la colonne, sous les ordres du capitaine Reibell, se met en route. Elle a été précédée par une reconnaissance de cinquante hommes de la mission Afrique centrale, sous les ordres du sergent Souley