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Page:Gentil, La chute de l’empire de Rabah, Hachette, 1902.djvu/273

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fait vers le résultat définitif, qui doit être la réunion des gens parlant la même langue sous l’autorité d’un seul chef.

Ce but, indiqué par moi et poursuivi sans relâche, est à l’heure actuelle en partie atteint grâce à l’activité, à la patience et au dévouement de l’administrateur Bruel et de ses collaborateurs Rousset, Perdrizet, Pinel, etc… La méthode employée a été simple : l’exploration du pays a été faite, les villages classés et portés sur une carte, après quoi l’occupation des points les plus importants a eu lieu.

Le premier résultat de cette occupation a été, pour ces populations païennes, une sécurité jusque-là inconnue. Elles sont devenues plus fixes dans leur habitat et par suite ont produit davantage.

En fournissant des vivres et des porteurs, tous ces gens se sont habitués à nous voir et aussi à se connaître. Les rassemblements dans les postes de gens de tribus différentes leur ont fait peu à peu concevoir l’idée d’un rapprochement plus intime sous l’égide et le commandement d’un Européen.

La confiance s’étant établie de plus en plus, et l’indigène ayant constaté que nous étions réellement pour lui des protecteurs et des clients, il est devenu plus facile de lui faire comprendre que cette protection, fort onéreuse pour nous, devait être payée par lui. Ce principe très simple du donnant donnant est très bien compris par le noir. Il est bien évident qu’il faut lui prouver qu’on lui donne quelque chose pour qu’il se reconnaisse débiteur. Une fois qu’il l’a reconnu, la question est réglée, l’impôt est accepté en principe.

C’est ce qui eut lieu avec nos indigènes. La base de l’impôt a été de deux kilos de caoutchouc par case et par année, dont moitié revient aux chefs et moitié à l’État.

Une partie des Mandjias a reconnu un chef appelé Makourou nommé par nous ; les N’Gaos en ont un autre, les Ungourras également. On procédera de même avec les autres tribus et, dans un avenir très proche, la perception de l’impôt, commencée depuis un an et demi, pourra avoir lieu partout.