Page:Gentil, La chute de l’empire de Rabah, Hachette, 1902.djvu/298

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charger officiellement d’agir au mieux des intérêts de la France, soit au Ouadaï, soit même auprès de Rabah, et plus particulièrement vous me désignez le Kanem comme objectif.

Vous me recommandez de m’inspirer des idées politiques de votre prédécesseur et de régler ma ligne de conduite sur la politique que le temps et les événements me feront paraitre la meilleure.

Je vous suis fort reconnaissant de la preuve de confiance que vous m’accordez. Vous savez avec quel soin scrupuleux, même aux dépens de mes intérêts, j’ai suivi la ligne de conduite que votre prédécesseur m’avait dictée. Depuis plus de deux mois, vous me voyez aller et venir, préoccupé de bien faire et uniquement désireux d’être utile. Cela doit vous être un sûr garant de l’avenir.

À l’encontre des idées préconisées jusqu’ici, je considère que d’aller au Kanem et s’y maintenir, est actuellement plus difficile que d’entrer en relations avec Rabah ou avec le Ouadaï.

Trois éléments politiques qui nous sont également hostiles s’y disputent l’influence : le Senoussisme, le Ouadaï et Rabah. Il est inutile d’insister à propos du Senoussisme. À l’inimitié religieuse de cette secte, s’ajoute la crainte justifiée d’une concurrence commerciale.

Le Ouadaï doit nécessairement s’inquiéter de nous voir successivement accorder notre protection à ses grands vassaux, et des armes. Senoussi d’abord, le Baguirmi ensuite, après le Kanem. Le plus vulgaire souci de sa sécurité doit l’induire à nous tenir en échec dans ce dernier état. Tant qu’à Rabah, nous sommes en état d’hostilité ouverte avec lui et c’est pour nous barrer la route qu’il a pris pied au Kanem. C’est après m’être rendu compte de cette situation que j’ai noué, dans mes précédents voyages au Baguirmi, de puissantes relations qui m’ouvriront, je l’espère, le grand état musulman du Tekrour.

De là, je pense agir avec plus d’autorité sur le Kanem. En tout cas, dans de pareilles entreprises, la prudence est de règle absolue, celui qui cherche l’aventure y périt. Un accident