Page:Gentil, La chute de l’empire de Rabah, Hachette, 1902.djvu/48

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Ungourras est la même que celle des N’dis. Nous sommes admirablement reçus. Aussi, conçois-je les plus agréables espérances au sujet de la poursuite de ma reconnaissance en avant, et je m’endors la joie au cœur. Le réveil fut plutôt désagréable. M’étant informé à quelle distance se trouvait la Nana, rivière indiquée par Maistre comme un des sous-affluents du Chari, on me répondit qu’il y avait peut-être une rivière de ce nom chez les Mandjias, mais que personne n’en connaissait la route, car les Mandjias étant en guerre avec les Ungourras, il ne fallait pas songer à trouver un guide. D’ailleurs les Mandjias étaient des gens belliqueux et ne nous laisseraient pas passer. Je connaissais l’antienne et n’insistai pas. En pareil cas, il vaut mieux ne pas discuter. Je me contentai de dire que je ne craignais pas plus les Mandjias que n’importe quelle autre tribu indigène et que je me réservais plus tard d’aller chez eux moi-même. Patience est vertu d’Africain. Il ne m’aurait servi de rien de brusquer les choses. C’était un retard de trois mois au minimum qui s’offrait à nous. Va pour trois mois. Pourvu que la santé se maintienne, c’est l’essentiel. Je me fis le raisonnement très simple que, désirant recruter des porteurs parmi les indigènes, il fallait éviter de les molester et de leur inspirer de la crainte. Je réfléchissais que le premier contact de la mission Maistre avec les Mandjias avait été suivi d’une effusion de sang ; y aller seul ou avec leurs ennemis sans avoir préparé le terrain, c’était s’exposer de nouveau à combattre, ce qui n’aurait pas procuré de porteurs. Aussi mon parti fut vite pris. Je déclarai aux chefs Ungourras que j’allais m’installer chez eux et que s’ils désiraient commercer avec nous, ils devraient d’abord nous construire des abris pour recevoir nos marchandises dans un endroit que je choisirais, ensuite nous fournir des porteurs pour évacuer Krebedjé. Cette solution enchanta fort les Ungourras, qui allaient, eux aussi, pouvoir se procurer nos marchandises, soit en nous vendant des vivres, soit en portant pour nous.

L’emplacement du nouveau camp fut choisi sur un plateau