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Page:Gentil, La chute de l’empire de Rabah, Hachette, 1902.djvu/54

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large de 4 mètres. N’Guéré était envoyé chez les Mandjias et revenait avec la promesse de l’un de leurs chefs nommé N’Dokoua qu’il viendrait au poste, dès que je serais de retour.

Ces bonnes nouvelles me firent grand plaisir. C’était la presque certitude d’entrer chez les Mandjias pacifiquement, et, par suite, la possibilité d’y trouver des porteurs.

N’Dokoua ne se fit pas trop attendre. Quelques jours après mon arrivée, il était au poste. Témoin de nos bons rapports avec les Ungourras, ses craintes se dissipèrent vite. Il devint causeur et nous raconta que si les Mandjias s’étaient montrés hostiles vis-à-vis de Maistre, c’était parce qu’on avait pris ses hommes pour des Arabes[1]. Il voyait bien maintenant qu’il y avait eu erreur, et dorénavant les Mandjias seraient les amis des blancs. Je profitai de ses bonnes dispositions pour l’interroger sur la rivière Nana. Je comptais me diriger sur le confluent de cette rivière avec la Kouma indiquée sur la carte de Maistre. Mais ses réponses manquèrent de netteté ; il me promit néanmoins de me servir de guide. C’était l’essentiel.

Le samedi 12 septembre, ayant laissé au poste Prins et Le Bihan, nous partons en reconnaissance. Huntzbüchler m’accompagnait. N’Dokoua nous servait de guide.

La route construite par nos hommes, longue d’une douzaine de kilomètres, aboutissait à une piste assez peu frayée. Nous nous y engageons. Toujours même paysage, sauf que les borassus qui avaient presque entièrement disparu sont plus nombreux ; les palmiers sauvages apparaissent. Nous atteignons une petite rivière nommée Fafa. Je crois que nous sommes dans le bassin du Tchad. Pas encore ; la Fafa, grossie de la Guifa, se jette dans la Kémo.

Le lendemain, nous sommes au village de N’Dokoua ; il

  1. On s’étonnera à bon droit de trouver le mot Arabes connu par ces indigènes ; ils disent en parlant des Musulmans en général Arabi, que nous traduisons par Arabes, mais à tort selon moi. La traduction serait plutôt gens de Rabah ou Rabéh. Ce qui me fait adopter cette hypothèse, c’est que les indigènes emploient aussi le mot Tourgou, corruption de Turcs, nom sous lequel Rabah désignait ses bandes.