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LETTRE-PRÉFACE

DE M. MÉZIÈRES, DE L’ACADÉMIE FRANÇAISE


Monsieur,


Je n’ai d’autre titre pour parler de vos travaux que ma qualité de compatriote. Il est vrai que nous tenons beaucoup tous deux à notre commune origine. Nous appartenons l’un et l’autre à cette partie de la France qui ne veut ni se consoler, ni oublier, la Lorraine. Quand un enfant de cette terre mutilée ajoute quelque chose par sa valeur personnelle au patrimoine national, nous éprouvons un sentiment d’orgueil particulier. C’est la confirmation de l’unité de la race, c’est la suppression momentanée d’une frontière artificielle que la conquête a pu tracer, mais que la conscience des vaincus n’acceptera jamais. Les Lorrains ne regardent que d’un seul côté, du côté de la France.

Parmi ceux qui nous donnent la joie de nous grouper ainsi sous le même drapeau, vous êtes, Monsieur, au premier rang. Vous avez accompli une œuvre magnifique. Grâce à vous et à la mission Foureau, d’Algérie à l’embouchure du Congo, un parcours de sept mille kilomètres peut être fait sans quitter un instant le territoire Français. Telle est l’ampleur de l’empire Africain que vous nous avez aidés à conquérir. Les difficultés que vous aviez à vaincre étaient de bien des natures : le climat, la température, l’absence de routes, souvent même de sentiers ; les forêts, les cours d’eau, les rapides, les rochers ; l’état d’esprit des populations, la