Page:Geoffroy - Napoléon et la conquête du monde, 1836.djvu/102

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sa terre de Coppet, aux environs de Genève ; mais elle était alors dans cette ville, lorsqu’un officier d’ordonnance vint la prévenir que l’empereur arrivait, et allait descendre chez elle. Un instant après, une voiture s’arrêta ; Napoléon en descendit et entra d’un air aisé.

La position de la baronne de Staël était des plus difficiles. Prise ainsi à l’improviste, encore déchirée de mécontentement, et de haine peut-être, elle n’était préparée à rien, lorsque Napoléon arriva droit à elle, et lui tendant la main, prit la sienne, et lui dit : « Votre génie est une puissance, madame, et je viens traiter avec vous. »

Mme de Staël, dans la plus grande surprise et la plus grande joie de cette marque inouie d’honneur, donne sa main à l’empereur, la lui serre et se met à pleurer.

L’empereur fit sortir ceux qui l’accompagnaient, et resta seul deux heures avec elle.

On assure que, dans cet entretien, il lui témoigna ses regrets d’avoir été trompé sur son compte ; qu’on la lui avait représentée comme un génie à craindre, mais qu’une nouvelle lecture de ses œuvres en Italie l’avait transporté d’admiration ; qu’il avait vu Rome avec Corinne, et que, si, en effet, son haut mérite pou-