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Page:Geoffroy - Napoléon et la conquête du monde, 1836.djvu/14

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Minuit vint. L’horizon devint rouge. Du milieu de la ville des flammes s’élevèrent : c’était le bazar qui brûlait, puis les églises, puis les maisons, puis les faubourgs ; partout l’incendie éclata, Moscou reparut dans la nuit, tout étincelante, avec ses mille clochers de flamme et ses coupoles de feu.

L’empereur comprit ce désastre ; il se souvenait de Wilna, de Smolensk et de ces villages enflammés qui jalonnaient sa route. « Qu’elle meure donc ! » s’écria-t-il ; et il donna des ordres pour que l’armée sortît sur-le-champ de la ville infernale.

Les soldats s’étaient déjà réveillés avant cet ordre. Le cri : « Au feu ! » retentissait de toutes parts, mais poussé seulement par des voix françaises, et le premier sommeil au milieu de la ville conquise s’était troublé dans l’horreur de l’incendie.

Les ordres furent exécutés. À cinq heures du matin, les troupes se replièrent au-delà de Moscou, et remontèrent le penchant du mont du Salut. Des éclaireurs ayant pénétré jusqu’à Petrowski, palais des czars, à une lieue de la capitale, le préparèrent pour l’empereur, qui s’y rendit avec son état-major, et, à une demi-lieue plus loin, un château d’une grande