Page:Geoffroy - Napoléon et la conquête du monde, 1836.djvu/169

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en même temps les ordres pour le faire arriver jusqu’à lui.

Un instant après, entra le soldat, une pipe à la bouche et l’air goguenard encore, quoique un peu surpris de cet appel.

Dès qu’il fut là, l’empereur fit sortir ses pages et ses officiers, et, demeuré avec les rois et le grenadier, il lui dit :

— « Ton nom ? »

Le soldat éteignit sa pipe, et, se tenant comme au port d’armes, répondit avec assurance :

— « Guillaume Athon.

— « Ton âge, ton régiment, ton pays ?

— « Quarante-sept ans, de Pithiviers, grenadier de la garde impériale, deuxième régiment, deuxième bataillon, première compagnie.

— « Tes services ? ton histoire ?

— « Trente-et-un ans de service ; vingt-deux campagnes, Égypte, Italie, Espagne, Russie, etc. Pas d’histoire. Je me suis battu, j’ai seize blessures, et je suis resté soldat. »

L’assurance de cet homme étonna peut-être Napoléon, mais il ne fit rien paraître. Les rois attendaient dans un morne silence.

— « Tant de services valent mieux, reprit l’empereur ; tu n’es plus soldat… je te fais roi.