Page:Geoffroy - Napoléon et la conquête du monde, 1836.djvu/204

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sitions de Murat, et celui-ci resta seul avec sa haine impuissante.

L’empereur n’ignorait cependant aucune de ces manœuvres. Sa police innombrable et presque universelle avait étendu partout ses racines. Les cabinets et les états de l’Europe étaient comme enlacés de toutes parts dans cet immense filet, et les propositions coupables de Murat, toutes secrètes qu’il eût essayé de les tenir, étaient cependant connues de Napoléon. Il fit plus, il s’en procura les preuves les plus authentiques, et, lassé enfin des complots d’un roi et d’un beau-frère, il écrivit lui-même au roi de Suède dans les termes les plus durs et les plus menaçants ; il lui reprochait ce qu’il avait osé faire, lui rappelait que c’était lui qui l’avait tiré de son obscurité et jeté sur des trônes. Il lui faisait connaître que sa main pouvait se retirer, et que sa chute devenait alors infaillible. Il terminait en le mandant à Paris pour s’expliquer sur sa conduite, ou plutôt, disait-il, pour recevoir un pardon.

Peut-être y avait-il de la maladresse dans une lettre semblable adressée à un homme tel que Murat. Il était facile de deviner qu’elle irriterait encore plus sa colère, car ce n’était pas un roi à se courber si vite sous l’humiliation. D’ail-