Page:Geoffroy - Napoléon et la conquête du monde, 1836.djvu/297

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fût accomplie, et que cette cité, qui écrasait autrefois la plaine de sa masse immense, se fût entièrement dissipée comme une poignée de sable. Les savants hésitaient de plus en plus ; la moindre brique trouvée dans la terre leur révélait Babylone ; quelques-uns voulaient y voir la première Ninive, ou tout au moins la seconde ville du même nom, et ils s’épuisaient dans des recherches sans découvertes.

Napoléon, qui trouvait ce jeu digne de son repos, chercha aussi les traces de la grande ville, et, ayant remonté l’Euphrate à trois lieues d’Hilla, il s’appliqua à reconnaître une plaine immense, inculte, singulièrement bouleversée, à travers une multitude d’éminences et de petites vallées sablonneuses. Elle s’étendait dans un espace de quatre à cinq lieues carrées, et, paraissait avoir été ébranlée par des volcans, ou par la civilisation, aussi puissante que les volcans pour soulever la terre, la dessécher sous des ruines, et frapper à mort sa fécondité. Cette plaine se trouvait partagée par l’Euphrate en deux parties égales. À l’occident, elle descendait en pente raide d’une montagne de forme singulière et conique qui s’élevait à plus d’une lieue du fleuve. La plaine, ainsi que la montagne, portait encore le nom de Bel ; mais,