Page:Geoffroy - Napoléon et la conquête du monde, 1836.djvu/320

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favori, et la pensée de chasser le roi des animaux relevait ce plaisir et lui donnait quelque chose de plus neuf et de plus grand.

À trois lieues de la ville, des rugissements terribles apprirent que les chiens étaient sur les traces du lion. Aussitôt, les chasseurs, qui jusque-là avaient battu la plaine avec précaution, se portèrent en avant ; mais l’empereur, entraîné par son ardeur, se précipita au plus grand galop de son cheval, et laissant derrière lui ses compagnons qui ne pouvaient le suivre, entra dans la forêt, où il fut bientôt seul, et perdu de vue par les siens.

Cependant le lion furieux traversait à bonds énormes la plaine et les bosquets dont elle était coupée ; les coups de carabine et de fusil qui ne l’atteignaient pas ne faisaient qu’irriter sa rage ; il avait déchiré les chiens qui s’étaient le plus pressés sur ses traces, et ayant fait d’immenses détours, il avait mis les autres en défaut, et n’entendant plus leurs aboiements ni les coups de feu, il s’était embusqué dans une partie éloignée des bois, où, près d’une masse de rochers, il se reposait haletant, la crinière soulevée, les yeux et la gueule en sang.

Tout-à-coup le retentissement des pas d’un cheval se fait entendre, un cavalier entre ra-