Page:Geoffroy - Napoléon et la conquête du monde, 1836.djvu/321

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pidement dans le bois et se dirige vers le rocher.

C’était Napoléon.

Aussi près du lion, seul et dans cet extrême péril, l’empereur saisit le moment où d’un bond il se précipitait sur lui, et l’ajustant avec le plus grand sang-froid, il lui tira son coup de fusil ; mais la balle traversa la crinière sans blesser l’animal, qui, furieux, se jeta en deux autres bonds sur le cheval de l’empereur, et lui enfonçant ses ongles dans la poitrine, le renversa déchiré et mourant. L’empereur avait aussi été renversé, mais, se dégageant promptement, et conservant le calme de son esprit dans cette position dangereuse, il se retira, en marchant à reculons, vers les mêmes rochers d’où le lion était parti, afin de s’y adosser lui-même et l’attendre.

Pendant cette manœuvre, le lion assouvissait sa furie sur le malheureux cheval ; il lui avait ouvert la poitrine, lui déchirait les flancs avec ses griffes, et baignait sa langue de feu dans le sang brûlant de la victime. Et cependant, sans l’abandonner, il suivait de l’œil la marche lente et assurée de Napoléon, qui se retirait et examinait de son côté avec la plus grande attention les moindres mouvements de son terrible adversaire.