Page:Geoffroy - Napoléon et la conquête du monde, 1836.djvu/322

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Il venait d’atteindre le rocher et de s’y appuyer, lorsque le lion quitta le cheval qui venait d’expirer, se releva, dressant la tête, hérissant la crinière, poussa un seul mais effroyable rugissement, et s’élança à pleins bonds vers Napoléon, qui tira son épée de chasse pour le recevoir.

Cette arme était inutile, sans aucun doute, et l’empereur l’ayant aussitôt compris, la jeta loin de lui, au moment même où quelques pas le séparaient à peine du lion.

Mais au lieu d’une épée, il le frappa de son regard, il asséna sur ses yeux toute l’énergie et la fixité de sa vue ; leurs deux regards s’enfoncèrent, pour ainsi dire, l’un dans l’autre, sans se quitter, et sans que de ces quatre paupières aucune se baissa.

À ce regard de fer le lion bondit surpris, il se dressa sur lui-même, et rugit affreusement. Cependant, comme si sa marche était paralysée, et qu’une puissance inattendue vînt tout-à-coup lui commander, il s’arrêta, écumant de rage et de confusion, devant Napoléon, qui l’oppressait de cette singulière force, l’abattant de cette vue dont il n’avait jusqu’ici abattu que des hommes.

Napoléon vit que le charme avait réussi, et que le lion reconnaissait le pouvoir ; alors il s’appliqua à donner à ses yeux la fascination et