Page:Geoffroy - Napoléon et la conquête du monde, 1836.djvu/329

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trées n’étaient cependant pas jaloux de leur indépendance, et ils s’accommodèrent facilement d’une conquête qui, sans blesser leur intérêt, les plaçait sous la domination de celui que la renommée leur peignait presque comme un dieu, avant que la victoire ne le leur donnât pour maître. Ces événements se passaient en juillet 1822.

Au mois de novembre suivant, Napoléon, avec vingt-cinq mille hommes, traversa les montagnes de la Perse et se porta vers la Tartarie ; il appelait cette expédition une invasion chez les barbares. C’était de ce pays qu’au Ve siècle étaient venus les Huns, les Alains et d’autres nations barbares qui avaient envahi l’Europe, et des rêveurs politiques assuraient que dans ces mêmes pays peu connus sourdait encore une immense population, un séminaire de peuple, comme on les appelait, tout prêt à déborder sur la civilisation européenne. L’empereur avait peu foi à ces prévisions, et il avait dit : « Le seul moyen de prévenir l’invasion, c’est de la faire. » Une seule bataille importante signala cette expédition ; le 23 décembre, l’armée nombreuse mais indisciplinée des Tartares fut anéantie sous les murs de Buckara. L’empereur s’empara de cette ville, traversa le désert jusqu’aux rives de la