Page:Geoffroy - Napoléon et la conquête du monde, 1836.djvu/341

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enfin, leur organisation politique, remarquable, d’ailleurs, est entièrement dissemblable des autres politiques de la terre ; et pour que tout fût plus extraordinaire dans ses mœurs, cette nation innombrable, à frontières si étendues, et qui livre des millions d’hommes au commerce de l’Asie et de l’Afrique, dont ils occupent les bords, en y introduisant partout leur habileté et leurs comptoirs, demeure jalouse de son intérieur ; elle en ferme les portes et en éloigne l’étranger ; elle ne veut avec le reste de ce monde dont elle diffère tant, que ce commerce excentrique qui vient expirer à ses rivages ou à sa grande muraille. Cependant, avec cette susceptibilité nationale, la Chine n’est nullement soucieuse de son indépendance ; elle ne sait ce que c’est que la liberté. Destinée à être conquise, comme la Rome ancienne quand elle se livrait à l’encan du premier acheteur, elle s’abandonne sans défense et presque sans regret au premier venu qui veut en être le maître. Depuis quarante siècles, son histoire n’est que la chronologie de ses défaites et de ses tranquilles soumissions, car elle était sûre de retrouver dans sa civilisation avancée une victoire plus lente mais non moins certaine sur ses conquérants, qui se fondaient immanquablement dans sa nationalité supérieure, et