Page:Geoffroy - Napoléon et la conquête du monde, 1836.djvu/397

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saisit tous les membres à l’arrivée d’un étranger, qui, vêtu d’un habit noir et décoré de l’ordre de la Légion d’Honneur, parut à la porte de la salle, entra mystérieusement, fit un geste de silence qui arrêta tout-à-coup ce murmure, et, s’étant approché d’une table, trouva un fauteuil vide, et y prit place.

Cependant M. Ampère, cet homme de génie dans lequel il y avait autant du Leibnitz que du Lafontaine, et dont l’extrême distraction est aussi connue que la haute intelligence, n’avait pas remarqué ce mouvement, bientôt diminué par l’intérêt même de sa lecture, et sans doute aussi par le soin qu’avait mis à le calmer l’inconnu qui venait d’arriver.

Le mémoire lu, M. Ampère le remit sur le bureau de l’académie, et recueillit de toutes parts les témoignages d’admiration que ce beau travail méritait si bien.

Ces témoignages avaient retenu pendant quelques minutes l’honorable académicien, qui ne retourna que plus tard à sa place.

Mais quel ne fut pas son étonnement de voir son fauteuil occupé par cet étranger qu’il ne connaissait pas ! M. Ampère, un peu piqué, tournait avec une sorte de gêne autour de ce fauteuil dont on s’était emparé ; il toussait avec embarras