Page:Geoffroy - Napoléon et la conquête du monde, 1836.djvu/436

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— « Eh bien ! que ne quittais-tu l’armée, pour aller vivre quelque part, libre et tranquille. »

À ces mots le général Oudet répondit avec la plus grande exaltation.

— « Vivre libre ! et où ? Tu ne sais donc pas toi-même, Napoléon, ce que c’est que ta monarchie universelle… Dis-moi donc un coin de la terre qui soit libre ? dis-moi le flot des océans qui ne soit point à toi ? dis-moi s’il y a une parcelle d’atmosphère et d’air qui ne soit empoisonnée par ton despotisme universel ? Et que sais-je, si, fouillant les entrailles de la terre pour y chercher une tombe, je ne trouverai pas encore ta monarchie universelle dans ses profondeurs ! »

L’empereur s’anima à ces paroles, mais c’était d’une joie intérieure ; il n’avait jamais mieux senti sa puissance que dans cette imprécation d’un ennemi, et un sourire forçant sa bouche vint s’y épanouir.

Alors Oudet :

— « Souris ! Napoléon ; triomphe ! triomphe ! car tu es le maître du monde, et tu as tué la liberté… et moi je meurs avec elle !… »

Il se tira le coup de son pistolet dans la bouche et tomba mort.