Page:Geoffroy - Napoléon et la conquête du monde, 1836.djvu/435

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ront tous avec moi, et alors, il n’y aura plus une pensée de liberté sur la terre.

« Mais j’ai voulu du moins qu’une protestation se fit entendre encore une fois au milieu de ta gloire.

« Dans la vieille Rome, tu n’aurais pas triomphé des peuples sans que l’outrage d’un citoyen n’eût précédé ton char.

« Eh bien ! c’est moi qui serai ici ton insulteur au milieu de cette grandeur surhumaine dont tu nous accables.

« Je te le dis, Napoléon ! tu n’es qu’un tyran, tu as tué la liberté. Honte à toi ! et que les hommes libres meurent ! »

Napoléon, calme mais pâle, écoutait avec sang-froid, et interrompant Oudet avec bonté il lui dit :

— « Je savais tout, Oudet, je connaissais tes conspirations, mais je t’estimais assez pour ne pas te punir, et pour t’élever dans les dignités selon ton mérite.

— « Reprends-les donc ces dignités pour que je meure sans reconnaissance et plus libre ! »

Et il arrachait ses épaulettes, déchirait son cordon rouge, et les jetait en débris aux pieds de l’empereur.