Page:Geoffroy - Napoléon et la conquête du monde, 1836.djvu/494

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et de ses peuples, car elle mêlait le bonheur de tous aux pensées de Dieu et de son père ; puis, elle priait, sa tête affaiblie se penchait, et ses lèvres glacées venaient se poser sur les mains de Napoléon.

Napoléon ! lui qui le matin s’était vu si près de Dieu, qui avait placé son trône en face des autels, et avait partagé l’adoration des peuples, maintenant il se jetait à genoux, il se prosternait le front à terre, il pleurait, il implorait, il priait Dieu pour sa fille, n’ayant plus rien d’empereur, ayant tout d’un père et d’un suppliant.

Il s’écriait : « Ô mon Dieu, conserve-moi ma Clémentine, et reprends-moi le monde. »

Et Dieu lui reprenait Clémentine, et lui laissait le monde.

À sept heures du matin, Clémentine se souleva d’elle-même sur son séant ; sa figure s’anima, un feu traversa ses regards ; elle tendit les bras à son père, essaya de balbutier quelques paroles, et elle rendit le dernier soupir.

C’était le dernier effort de la vie qui retrouve une force pour mourir.

Elle était étendue comme une statue d’albâtre, car son âme venait de retourner à Dieu.