Page:Geoffroy - Napoléon et la conquête du monde, 1836.djvu/500

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

les antiques colonnes d’Hercule, pour dire aussi qu’il n’y a plus rien au-delà, et pour transmettre à la postérité les deux indestructibles témoignages de sa vie et de sa mort.

Arrivé à ce terme, le moment est venu d’achever ce livre.

J’hésite moi-même devant l’histoire de ces dernières années, toutes pleines de la grandeur et de la félicité des hommes, mais qui ne furent pas les meilleures de la vie de Napoléon.

Le maître de la terre était en effet, à cette époque, parvenu au faîte, mais il était aussi parvenu au bout. Il avait dompté les hommes, épuisé les choses, et usé le monde sans pouvoir s’user lui-même. Monté si haut, il portait la peine de son élévation, car il n’avait trouvé au sommet que l’humanité avec sa misère et son impuissance.

N’ayant plus rien à faire, parce qu’il avait tout fini, ni rien à désirer, parce qu’il n’y avait plus pour lui de désirs possibles, trop loin des choses et des hommes, il se trouvait seul dans l’univers.

Il sut alors qu’il n’y a que Dieu qui trouve, dans sa divinité, le moyen de supporter son éternelle solitude.