Page:Geoffroy - Napoléon et la conquête du monde, 1836.djvu/57

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mandements et dans la plus grande confusion, l’armée anglaise fut enveloppée de toutes parts, écrasée et détruite. L’acharnement de la guerre n’avait jamais été plus loin ; jamais aussi grande lutte n’avait soulevé d’aussi grands peuples. L’Angleterre et la France étaient là plutôt comme nations que comme armées, et leur vieille haine nationale débordait en fureur et en massacre ; mais la Providence avait encore décidé cette conquête de Napoléon. Écrasés et tombant par milliers, les soldats anglais mouraient dans leurs lignes, sans céder leurs positions ; et, quand, sur la fin du jour, réduits au désespoir, leurs bataillons en lambeaux ne pouvaient plus que mourir sans se défendre, ils se retirèrent enfin en jetant un immense cri de douleur qui termina la bataille. Ce cri était le dernier soupir de l’Angleterre, et la chute du géant ébranlait le monde.

Outre le duc d’Yorck, généralissime, l’armée ennemie avait perdu vingt-deux généraux. Cinquante-quatre mille hommes avaient péri, le reste était blessé ou prisonnier. C’est à peine si quarante mille fuyards avaient échappé à ce carnage en se dirigeant vers Bedfort. Toute l’artillerie était restée au pouvoir du vainqueur, et le duc de Cambridge lui-même avait