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Page:George Eliot Adam Bede Tome 2 1861.djvu/25

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adam bede.

contradiction ; je sais qu’il a l’intention de me laisser tout l’argent qu’il a amassé, et probablement à ma pauvre tante Lydia, qui a été toute sa vie une esclave pour lui, seulement cinq cents livres de rente, afin de m’en donner d’autant plus ; cependant je crois quelquefois qu’il me hait positivement, parce que je suis son héritier. Je pense que si je venais à me rompre le cou, il dirait que c’est le plus grand malheur qui puisse lui arriver, et cependant il semble prendre plaisir à faire de ma vie une suite de petits ennuis.

— Ah ! mon garçon, ce n’est pas seulement l’amour de la femme qui est un επερωτος ερως, comme dit le vieil Eschyle. Il y a aussi bien assez d’amour non aimant dans le monde masculin. Mais parlez-moi d’Adam. A-t-il accepté la place ? Je ne vois pas que cela doive lui rapporter beaucoup plus que son travail actuel, quoique certainement cela lui laissera bien du temps de libre.

— J’ai eu quelque doute à ce sujet ; quand je lui en ai parlé, il paraissait d’abord hésiter. Son objection était qu’il ne se croyait pas capable de satisfaire mon grand-père. Mais je lui ai demandé, comme une faveur personnelle, d’accepter cette place si l’emploi lui était vraiment agréable, et s’il n’était point obligé, pour cela, d’abandonner quelque chose de plus profitable. Il m’a assuré que c’était ce qu’il préférait à tout ; — que ce serait un grand pas en avant pour sa profession, et que ça lui permettrait de faire ce qu’il désirait depuis longtemps, — ne plus travailler pour Burge. Il dit qu’il lui restera bien du temps pour surveiller une petite entreprise qu’il veut mettre en train avec Seth et qu’il sera peut-être capable d’agrandir peu à peu. Il a donc consenti à la fin, et j’ai arrangé qu’il dinât aujourd’hui avec les gros tenanciers ; je me propose de leur annoncer la nomination et de leur demander de boire à la santé d’Adam. C’est une petite scène que j’ai préparée en l’honneur de notre ami. C’est un brave garçon, et je suis