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Page:George Eliot Adam Bede Tome 2 1861.djvu/30

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adam bede.

Holdsworth qui a plus de terrain que qui que ce soit sur le domaine.

— Eh bien, dit M. Poyser, si nous décidions que celui qui a les terres les plus mal tenues occupera le haut bout, alors personne n’enviera cet honneur.

— Eh ! voici maître Massey, dit M. Craig, qui, étant neutre dans la discussion, n’avait d’autre intérêt que de concilier ; le maître d’école doit être en état de nous donner un bon conseil. Qui est-ce qui doit s’asseoir au plus haut bout de la table, monsieur Massey ?

— Mais l’homme le plus gros, répondit Bartle ; comme cela il n’empiétera pas sur la place des autres ; et le plus gros après lui doit s’asseoir au bout opposé. »

Cette heureuse manière de décider la question produisit de grands rires ; une moindre plaisanterie eût suffi pour cela. M. Casson, cependant, ne jugea pas compatible avec sa dignité et ses connaissances supérieures de se joindre à ce rire, jusqu’à ce qu’on eût reconnu que c’était lui qui était le second pour la grosseur. Martin Poyser, le fils, comme le plus gros, fut nommé président et M. Casson vice-président.

Grâce à cet arrangement, Adam, étant naturellement au bas de la table, tomba sous l’observation immédiate de M. Casson, qui, trop occupé de la question de préséance, n’avait pas remarqué son entrée. M. Casson, avons-nous vu, considérait Adam comme étant « trop estimé et trop loué ; » il pensait que les messieurs faisaient beaucoup plus de cas de ce jeune charpentier qu’il était nécessaire, et qu’ils ne s’occupaient point autant de lui, M. Casson, quoique pendant quinze ans il eût été un excellent sommelier.

« Bon, monsieur Bede, vous êtes de ceux qui montent dîner à part, dit-il, quand Adam s’assit. Vous n’avez jamais dîné ici auparavant, si je me le rappelle.

— Non, monsieur Casson, dit Adam de sa forte voix,