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Page:George Eliot Adam Bede Tome 2 1861.djvu/37

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adam bede.

porté sa santé, le jour où il a voulu que je parusse au milieu de vous comme le représentant futur de son nom et de sa famille. »

Peut-être n’y eut-il là personne, excepté M. Irwine, qui comprît parfaitement et approuvât la manière gracieuse dont Arthur proposait la santé de son grand-père. Les fermiers pensaient que le jeune chevalier connaissait bien suffisamment leur haine contre le vieux, et madame Poyser dit « qu’il aurait mieux valu ne pas remuer ce chaudron de bouillon aigre. » L’esprit bucolique ne saisit pas très-facilement les raffinements du bon goût. Mais cette santé ne pouvait pas être supprimée, et, quand elle eut été bue, Arthur dit :

« Je vous remercie pour mon grand-père et pour moi ; et maintenant il est encore une chose que je désire vous dire, pour que vous partagiez le plaisir qu’elle me fait, comme j’espère et crois que vous le ferez. Je pense qu’il ne peut y avoir ici personne qui n’ait de la considération, et quelques-uns d’entre vous, j’en suis sûr, une très-haute estime pour mon ami Adam Bede. Il est si connu de chacun dans le voisinage, qu’il n’y a pas un homme à la parole duquel on puisse se fier plus qu’à la sienne : quoi que ce soit qu’il entreprenne, il le fait bien, et il est aussi soigneux des intérêts de ceux qui l’emploient que des siens propres. Je suis fier de dire que j’aimais beaucoup Adam lorsque j’étais petit garçon, et que je n’ai jamais perdu mon ancienne affection pour lui : cela prouve que je sais connaître un brave garçon quand je le rencontre. J’ai longtemps désiré qu’il eût la direction des bois du domaine, qui sont d’une grande valeur. Je l’ai désiré parce que j’ai une haute opinion de son caractère, et parce qu’il possède les connaissances et l’habileté qui le rendent propre à cette place. Je suis heureux de vous dire que c’est aussi le désir de mon grand-père, et qu’il est maintenant