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Page:George Eliot Adam Bede Tome 2 1861.djvu/39

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adam bede.

déjà majeures depuis deux ans, car il y a vingt-trois ans que je suis arrivé au milieu de vous ; je vois ici quelques jeunes hommes grands et de bonne mine, et quelques florissantes jeunes femmes, qui étaient bien loin de me regarder d’un air aussi agréable lorsque je les ai baptisés qu’ils ne le font maintenant. Mais je suis sûr de ne point vous étonner en disant que, parmi tous ces jeunes gens, celui auquel je m’intéresse le plus vivement est mon ami M. Arthur Donnithorne, auquel vous venez d’exprimer toute votre estime. J’ai eu le plaisir d’être son précepteur pendant plusieurs années, et j’ai eu par conséquent des occasions de le connaître intimement, qui ne peuvent s’être présentées à personne d’autre ici ; et c’est avec un certain sentiment de fierté aussi bien que de plaisir que je partage toutes vos espérances à son égard, ainsi que la certitude qu’il possède les qualités qui feront de lui un excellent seigneur propriétaire lorsque le temps viendra pour lui de prendre parmi vous cette position importante. Nous avons la même manière de penser sur la plupart des sujets qui peuvent mettre en commun les idées d’un homme qui approche de la cinquantaine avec celles d’un jeune homme de vingt et un ans ; et il vient d’exprimer un sentiment que je partage vivement, et je ne voudrais pas laisser échapper l’occasion de le dire. Ce sentiment est celui de son estime et de sa considération pour Adam Bede. On parle et on pense naturellement davantage des personnes placées dans une haute position et l’on accorde plus d’éloges à leurs vertus qu’à celles dont la vie se passe à un travail humble et de tous les jours ; mais tout homme sensé sait combien cet humble travail journalier est nécessaire, et quelle importance il y a à ce qu’il soit bien fait, et je suis d’accord avec mon ami M. Arthur Donnithorne pour penser que lorsqu’un homme, devant s’occuper ainsi, montre un caractère qui en ferait un modèle dans toute autre position, son