Aller au contenu

Page:George Eliot Adam Bede Tome 2 1861.djvu/42

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
30
adam bede.

point pour moi le moment de parler davantage de mes sentiments à son égard ; j’espère les prouver par mes actions pendant le reste de ma vie. »

Il y eut diversité d’opinions au sujet du discours d’Adam ; quelques-unes des femmes se dirent à voix basse qu’il ne se montrait pas assez reconnaissant, et paraissait parler avec autant d’orgueil que possible ; mais, la plupart des hommes trouvèrent qu’Adam avait parlé avec le plus de droiture possible et que c’était le garçon le plus distingué qu’on pût désirer. Tandis qu’on se communiquait de semblables observations, mêlées de désirs de savoir ce que comptait faire le vieux chevalier au sujet d’un receveur, et s’il prendrait un intendant, les deux messieurs s’étaient levés et faisaient le tour des tables où se trouvaient les femmes et les enfants. Il n’y avait point là, naturellement, de bière forte, mais du vin et un dessert, — du pétillant vin de groseilles pour les enfants et du bon Xérès pour les mères. Madame Poyser était à la tête de la table, et Totty, assise sur ses genoux, enfonçait profondément son petit nez dans un verre pour y chercher des noisettes flottantes.

« Comment vous portez-vous, madame Poyser ? dit Arthur. N’avez-vous pas eu du plaisir à entendre votre mari faire un aussi long discours aujourd’hui ?

— Oh ! monsieur, les hommes ont pour la plupart la langue si roide, — qu’on est forcé de deviner une partie de ce qu’ils veulent dire, comme avec les créatures muettes.

— Comment ! pensez-vous que vous auriez pu mieux vous en tirer ? dit M. Irwine en riant.

— Mais, monsieur, quand j’ai quelque chose à dire, je puis presque toujours trouver les mots nécessaires, Dieu merci. Non que je trouve quelque chose à blâmer dans ce qu’a dit mon mari, car, si c’est un homme peu discoureur, il est prêt à soutenir ce qu’il a dit.

— Je suis sûr que je n’ai jamais vu une plus jolie réu-