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Page:George Eliot Adam Bede Tome 2 1861.djvu/41

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adam bede.

est particulière à ces ouvriers intelligents, honnêtes et solides, qui n’ont jamais besoin de chercher à savoir pourquoi ils sont dans ce monde.

« Je suis tout à fait pris par surprise, dit-il, je ne m’attendais à rien de ce genre, car cela dépasse de beaucoup mes espérances. Mais je n’en ai que plus de raison d’avoir de la reconnaissance pour vous, Capitaine, et pour vous, monsieur Irwine, et pour tous les amis qui viennent de boire ici à ma santé et de faire de bons souhaits pour moi. Il me serait ridicule de dire que je ne mérite pas du tout la bonne opinion que vous avez de moi ; ce serait une triste manière de vous remercier que de dire que vous me connaissez depuis tant d’années et que cependant vous n’avez pas su découvrir ce qu’il y a de passable en moi. Vous pensez que si j’entreprends quelque travail, je le fais bien, que ma paye soit forte ou faible, et cela est vrai. Mais il me semble que c’est le simple devoir d’un homme, et qu’il n’y a pas là de quoi être fier. Il est tout à fait clair pour moi que je n’ai jamais fait plus que mon devoir ; car, quoi que nous fassions, nous ne faisons qu’employer les idées et les forces qui nous ont été données. Aussi cette bienveillance de votre part, j’en suis sûr, n’est point une dette que vous me payez, mais un libre don, et, comme tel, je le reçois et je vous en remercie. Et quant au nouvel emploi que j’ai accepté, je dirai que je l’ai fait sur le désir du capitaine Donnithorne, et que je m’efforcerai de remplir son attente. Je ne souhaitais rien de mieux que de travailler sous lui et de savoir que tout en gagnant mon pain je pourrais soigner ses intérêts. Car je crois qu’il est un de ces hommes nobles qui désirent se bien conduire et laisser le monde un peu meilleur qu’ils ne l’ont trouvé, comme je pense que tout homme peut le faire, qu’il soit de haute ou de simple classe, qu’il fournisse l’argent pour mettre en train un ouvrage important ou qu’il travaille de ses propres mains. Ce n’est