Aller au contenu

Page:George Eliot Adam Bede Tome 2 1861.djvu/58

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
46
adam bede.

— Non, non, dit madame Poyser, ce ne serait pas convenable. Je connais l’absurdité de ce plaisir ; mais si vous vous laissez arrêter par tout ce qui est absurde, vous n’irez pas loin dans cette vie. Quand votre bouillon est dressé, il faut l’avaler, l’épais comme le clair.

— Alors, si Hetty veut danser avec moi, dit Adam, se rendant à l’argument de madame Poyser, ou peut-être à autre chose en outre, je prendrai la danse qu’elle aura de libre.

— Je n’ai personne pour la quatrième, dit Hetty ; elle sera pour vous si vous voulez.

— C’est ça, dit M. Poyser, mais vous devez aussi danser la première, Adam, autrement cela paraîtrait singulier. Il y a une quantité de jolies femmes parmi lesquelles on peut choisir, et c’est dur pour les filles de voir les hommes rester là sans les demander. »

Adam sentit la justesse de l’observation de M. Poyser ; ce ne serait pas bien à lui de ne danser qu’avec Hetty ; et, se rappelant que Jonathan Burge avait quelque raison de se sentir blessé ce jour-là, il résolut de demander miss Mary, si elle pouvait l’accepter.

« Voilà la grosse horloge qui sonne huit heures, dit M. Poyser ; dépêchons-nous d’entrer, sinon le chevalier et les dames y seraient avant nous, et ça n’aurait pas bonne façon. »

Quand ils furent entrés dans la salle, et que les trois enfants, sous la garde de Molly, furent assis sur les escaliers, les portes à deux battants du salon furent ouvertes, et Arthur, en uniforme, entra et conduisit madame Irwine sous un dais recouvert d’une tenture et orné de fleurs de serre, où elle s’assit avec miss Anne et le vieux M. Donnithorne, pour regarder le bal comme des rois et reines de théâtre. Arthur avait mis son uniforme, afin de plaire à ses tenanciers, dit-il, qui avaient une aussi haute opinion de