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Page:George Eliot Adam Bede Tome 2 1861.djvu/74

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adam bede.

devaient se réunir à la porte de la cour pour souhaiter bon voyage au jeune chevalier. Lorsque Adam entra dans le parc, s’avançant à grands pas avec le panier d’outils sur l’épaule, le soleil était sur le point de se coucher et envoyait horizontalement ses rayons empourprés entre les grands troncs des vieux chênes, jetant à chaque place libre du sol une gloire passagère, qui la faisait ressembler à un joyau tombé sur le gazon. Le vent était maintenant abattu, et il n’y avait plus que la brise suffisante pour agiter les feuilles à pétioles délicats. Toute personne ayant passé la journée assise dans la maison aurait été satisfaite d’une promenade à ce moment ; mais Adam avait été bien suffisamment en plein air pour désirer abréger sa route ; il pensa pouvoir le faire en coupant à travers la Chasse et le bosquet, où il n’était pas entré depuis des années. Il hâta le pas à travers la Chasse, s’avançant hardiment sur les étroits sentiers bordés par les fougères, avec Gyp à ses talons, ne s’arrêtant point à contempler les magnifiques effets du soleil couchant, y pensant à peine une seule fois, sentant cependant sa présence par un certain sentiment de vénération et de bonheur qui se mêlait aux pensées de son active journée de travail. Comment en aurait-il pu être autrement ? Les daims mêmes sentaient son influence et en étaient plus timides.

Bientôt les pensées d’Adam se reportèrent à ce que M. Craig avait dit au sujet d’Arthur Donnithorne, et lui montrèrent soit son départ, soit les changements qui pourraient avoir lieu avant son retour. Puis elles retournèrent en arrière, avec affection, vers les anciennes scènes de camaraderie d’enfance, et s’arrêtèrent sur les bonnes qualités d’Arthur, dont Adam était fier, comme nous le sommes tous des vertus du maître qui nous honore. Un cœur aussi affectueux que celui d’Adam éprouve un grand besoin d’amour et de respect ; son bonheur dépend de ce qu’il peut croire et penser des autres ! Il ne connaissait point un monde idéal