corps. Si vous deviez mourir demain, monsieur Tulliver, ils sont supérieurement calandrés et tout prêts, avec une odeur de lavande que ce serait un plaisir de s’en servir ; ils sont dans le coin à main gauche de la grande armoire de chêne, au fond ; non que je voulusse confier à personne autre que moi le soin de les en sortir.
Pendant cette dernière phrase, Mme Tulliver tira un brillant trousseau de clefs de sa poche et en choisit une qu’elle frotta de haut en bas entre le pouce et l’index, avec un sourire de satisfaction, tout en regardant flamber le feu. Si M. Tulliver eût mis de la susceptibilité dans ses relations conjugales, il aurait pu supposer qu’elle sortait cette clef pour aider son imagination à contempler le moment où elle serait dans l’obligation de faire usage pour lui de ses plus beaux draps de toile de Hollande. Heureusement il n’en était point ainsi ; M. Tulliver n’était susceptible qu’à l’égard de ses droits sur la force motrice de l’eau ; de plus, il avait l’habitude de ne pas écouter très attentivement sa femme, et depuis qu’il avait fait mention de M. Riley, il était en apparence occupé à caresser ses bas de laine.
« Je crois que j’y suis, Bessy, fut sa première remarque après un court silence. Ritey est probablement un homme comme il n’y en a point pour connaître quelque école ; il a été à l’école lui-même, et il va partout, à toutes soi tes d’endroits, pour arborer, évaluer, que sais-je encore ? Nous aurons le temps d’en parler demain, quand les affaires seront terminées. Je voudrais que Tom devint une sorte d’homme comme Riley, sais-tu ; un homme qui put parler aussi bien que si tout était écrit devant lui, et sachant un bon nombre de mots sans grande signification, mais avec lesquels on peut être fort devant la loi. Riley a aussi une sûre et solide connaissance des affaires.
-Bien, dit Mme Tulliver ; quant à ce qui est de bien parler, de connaitre toutes choses, de marcher le dos voûte et de relever ses cheveux, je ne m’inquiéterais pas que le garçon fût élevé à cela. Mais ces beaux parleurs des grandes villes portent, pour la plupart, de faux devants de chemise ; ils gardent un jabot jusqu’à ce qu’il soit tout fripé ; puis ils