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Page:Georgel - Mémoires pour servir à l’histoire des événements de la fin du 18e s. depuis 1760 jusqu’en 1806-10, tome 1.djvu/15

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courtisan, ennemi de M. de Rohan, qui étoit à ce souper, ne manqua pas d’en instruire madame la dauphine, Marie-Antoinette ; elle en fut indignée, et s’imagina que le prince étoit en correspondance avec la maîtresse du roi[1]» Voilà l’origine de son aversion insurmontable pour le prélat, et de tous les malheurs qui en ont été la suite. Ces circonstances expliquent assez pourquoi il ne fut point maintenu dans son ambassade après la mort de Louis XV. Mais ce qui doit surpendre davantage, c’est qu’au moment fatal où le scandale politique du partage de la Pologne fut donné au monde civilisé, le duc d’Aiguillon, honteux d'avoir été la dupe de l’astuce autrichienne ait cherché à en rejeter sourdement la cause sur l’ambassadeur tandis que ce dernier n'avoit cessé de lui faire part de ses idées et de ses découvertes sur ce projet, si funeste aux intérêts de la France[2]. L’abbé Georgel le venge complètement dans ses mémoires de cette perfide insinuation, et il prouve que si quelqu’un a des torts a se reprocher dans cette malheureuse circonstance, c’est assurément M. d’Aiguillon, qui avait la bonhomie de se laisser abuser par les trompeuses démonstrations de la cour d’Autriche, et les fausses assurances que lui donnoit le comte de Mercy, son ambassadeur à Paris, et les rapports de M. Durand, lui-même trompé.

L’abbé Georgel, le grand ressort de cette ambassade et qui en supportoit seul presque tout le poids, eut le

    seurs. Il est permis d’espérer que l’empereur Alexandre fera oublier à cette brave nation l’injuste oppression dont elle a été, victime.

  1. C’est un préjugé qui existe encore, et qui se trouve consigné dans un ouvrage publié nouvellement.
  2. Ce faux jugement sur le prince Louis s’est tellement accrédité, que ceux de nos écrivains qui ont commencé à écrire l’histoire de ces derniers temps, tels que MM. Lacretelle, de Levis etc., en parlent comme d’une vérité. D’autres en parleront de même ; et voilà comme décrit l’Histoire.