Aller au contenu

Page:Georges Damian L’Ardente Flibustière 1927.djvu/41

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 39 —

Elle bouda Adussias et lui refusa, de ce jour, la consolation de ses caresses les plus inquisitoriales… Il y eut alors une scène violente, sur le bateau pirate, et Adussias décida à la première occasion de se débarrasser de l’irascible gaillarde, passée sans douleur et avec un naturel si parfait des mains d’un dignitaire ecclésiastique à celles d’une capitaine de bandits. Certainement, se disait Adussias, qui avait la subtilité des races du midi de la France, car elle était de Cassis, certainement, cette Pissacier est capable de redevenir honnête aussi vite qu’elle est devenue canaille. Tandis que moi — et à cette idée l’orgueil lui emplit l’esprit — moi je ne serai jamais qu’une voleuse et assassine et je finirai telle ou pendue.

Toutefois, habile autant que le marquis, elle craignait que Pissacier qui possédait en vérité une habileté amoureuse et une lascivité tenant du miracle, ne se fut ménagé des amitiés par ce moyen dans l’équipage. Adussias se contenta de veiller au grain.

On erra ainsi sur l’Océan un mois durant. Les victimes prévues par feu le Rouquin ne se rencontrèrent pas. La navigation se trouvait désormais dirigée par un jeune homme ramassé aux îles et qui venait de Salé au Maroc, où il avait été esclave.

Il était né de bonne famille Angevine, mais indomptable, naviguait depuis treize ans. Homme de mer, il connaissait toutes les apparences du ciel et des eaux aussi bien que Griffe-Esgourde qui avait cinquante-cinq ans de voyages.

On se trouvait, à ce moment, à hauteur des îles Açores. C’était novembre, lorsque la vigie signala un navire de commerce à l’horizon.