Page:Georges Damian Mousme d amour 1928.djvu/10

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
— 8 —

Le premier contact de notre homme avec la Chinoise fut somptueux : amours, délices et orgues se succédèrent avec passion. On se donna, on se reprit, on essaya mille jeux chinois, enfin le bonheur des amoureux fut extrême.

Le lendemain, la scène changea. Le négociant en opium avait assisté aux épanchements de la veille, bien caché et satisfait du spectacle. Sa curiosité satisfaite, il n’avait plus qu’une vengeance à tirer.

Et mon Anglais, sitôt entré dans l’entrepôt, fut saisi par six « célestiaux », ligoté, serré, puis préparé pour le sketch final.

Ce sketch témoigna de l’ingéniosité chinoise, de sa cruauté et de son goût pour les plaisirs raffinés. On apporta un tonnelet d’opium bouillant, puis on demanda à l’ingénieur s’il voulait y introduire sa tête ou ses ornements virils.

Vous pensez bien qu’il voulait vivre. Se faire coiffer par cette « confiture », portée à cent trente degrés, c’était la mort la plus hideuse. Il dut agréer qu’on introduisit autre chose dans le petit tonneau… Et sa souffrance fut si épouvantable, son impossibilité de se dégager et sa certitude de devenir fou de douleur si évidentes que le Chinois, lui libérant un bras et lui tendant un rasoir, le malheureux, au paroxysme de l’ébranlement nerveux et quasi inconsciemment, se trancha lui-même la partie peccante…

Voilà une vengeance de Chinois !

Depuis ce jour, une prudence extrême nous tenait tous en présence de ces types-là, et nous faisions au