Page:Georges Damian Mousme d amour 1928.djvu/9

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assez. Le premier trouble ses voisins, le second a l’air de les critiquer. Mais je redoutais qu’avec ce tempérament à la fois farceur, salace et méprisant, qui est celui de la race, mon bandit ne me jouât un tour du même ordre, ou cousin de celui-là.

Il est vrai que je n’aurais permis à personne de m’approcher à une distance de sabre. Ma main ne quittait pas la crosse du Mauser. Mais la belle jambe cela vous fait de mourir après avoir supprimé la moitié de vos ennemis. Vous n’en êtes pas moins mort, n’est-ce pas ?

Je me souvenais d’un malheur arrivé précisément à Lon-Beng-Thi, à dix lieues de là, et qui avait eu comme victime un ingénieur anglais.

Il avait eu la maladresse, cet insulaire, tout puritain et chaste qu’il fût, de déclarer sa flamme à la femme d’un gros négociant en opium, qui possédait plus de cinq mille hectares de terres grasses, plantées en pavots.

La femme du dit était jolie, oh ! cela aucun doute. Je la soupçonne même d’avoir du sang européen, car cette peau duvetée de pêche, cette poitrine cambrée et restée ferme à près de trente ans, ce regard tendre et lubrique qu’elle vous adressait en parlant sont choses d’Europe. En tout cas, mon Anglais lui fait une déclaration. La femme, fort ardente, et portée pour les hommes blancs, je l’ai su, lui donna rendez-vous dans l’entrepôt d’opium de son mari, un poussah astucieux et ricaneur qui avait les yeux partout et de la haine plein le cœur.