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mètres cubes de béton. Le actionnaires ne l’ont jamais su.

Donc, je menais ma ligne paisiblement, à proximité d’un village chinois nommé Né-Tziang, à ce moment-là. Il y avait, en ce patelin, un mandarin de première classe, fin comme l’ambre, qui me traduisait les inscriptions de toutes les stèles que nous déterrions, et celles des tombeaux qu’il fallait transbahuter ailleurs, car les lignes de chemin de fer ne se détournent pas, de peur de déranger un défunt du temps jadis. Or, ce mandarin avait une fille délicieuse, à laquelle, avec la prudence qui convient, je faisais des sourires et des mamours à foison. Pas plus… Je n’avais, comme on peut le croire, aucun désir de me faire couper le cou pour détournement d’une progéniture mandarinale, réservée, en mariage, à de puissants banquiers de Yunnan-Fou.

Je parlais un brin le chinois vulgaire, celui des coolies, et j’allais seulement rendre visite, parfois, à la fumerie d’un Mandchou qui tenait assez loin une sorte de maison close, où l’opium était roi et qui contenait des filles de toutes les races chinoises, et il y en a…

Voilà donc le décor posé.

Un matin de juin, nous fûmes forcés de chômer à la suite d’un accident advenu au convoi des sacs de ciment qui nous apportait la matière première. Il se trouvait en panne à vingt kilomètres de là. Je sellai alors mon cheval et me rendis à la fumerie pour m’égayer un peu.