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Page:Georges Damian Une sacree noce 1927.djvu/18

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et cette conquête ne se fait généralement pas plus que celles de la guerre, avec des armes mouchetées.

Ainsi Finboudin démouchetait ses appas…

Son charleston fut un succès de premier ordre. Elle vous avait un chic étonnant pour gambiller en faisant des effets de croupe, et ne craignait aucune concurrence. Ses jambes, vêtues de soie rose pâle, agitaient, comme des cuillers ensorcelées, les désirs dans l’âme des hommes. Elles fouettaient la trouble écume des lubricités, et celles-ci montaient comme des blancs d’œufs.

Bientôt, le bal se libéra de ses façons pudiques. Les couples assoiffés se désaltéraient par moments. Ils revenaient alors à l’aire guinchante avec des faces écarlates et des mains libres comme des estampes de l’Enfer, à la Nationale… On vit, ma foi, la pudique Josépha elle-même s’en aller sous un prétexte vague dans la pièce à côté, où son époux la fourragea un instant, à la façon d’un médicastre qui tâte une appendicite.

Ils revinrent tous deux avec des yeux luisants et des oreilles empourprées. Aussitôt, Pilocarpitte, armée de son potard chéri, s’en alla, d’un air faussement naïf, faire un tour vers les pièces circonvoisines.

Dans l’une, il y avait des gens tristes qui festoyaient sans délices. C’étaient les héritiers d’une multimillionnaire qui sortaient de chez un notaire, où ils avaient appris leur promotion dans l’ordre de la plus grande fortune. Joyeux et sans souci, la veille encore, ils se trouvaient maintenant bondés de terreurs et de craintes. Comment faudrait-il donc conserver et grossir cette richesse inattendue, et d’autant plus redoutable ? Sombre méditation ! Pilocarpitte s’enfuit aussitôt.