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Page:Georges Damian Une sacree noce 1927.djvu/30

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Les taxis reparurent donc au Pâté-en-Croûte. Le glorieux restaurant ronflait alors de toutes ses rôtissoires et de tous ses moulins à café. Le dîner serait bon !

Et on se rua sur les apéritifs.

Le temps de dire ouf, et les bouteilles d’anis, de gentiane de picon et de pernod (un pernod pour jouvencelles) furent asséchées et cadaverisées. On avait à se remettre des émotions du Bois, des voyages en auto et de secrètes pâmoisons obtenues à force d’art ou d’industrie amoureuse. On atteignit enfin neuf heures moins dix, et déjà la société se levait pour aller dîner, lorsque Lerondufess parut. Il avait dû frêter une voiture à lui seul, après une heure de recherches vaines au clair de lune. Son mouchoir était décidément perdu. Il enrageait et faillit donner un coup de poing au garçon qui voulait lui servir un anis del Conos au lieu de l’anis del Balos, qui était sa consommation favorite. Enfin, il rattrapa tout le monde à table où l’on commençait de s’installer.

Le parcours du bois au Pâté-en-Croûte avait une fois de plus failli être mortel aux pudeurs de Josépha. Hector aurait voulu venger des récents déboires. Le taxi ne permettait pas à sa femme une défense aussi active que sur les herbes folles du Bois. Il poussa donc sa pointe hardiment, Josépha vit à nouveau sa robe nuptiale mise au pillage. Pauvre robe, dont le blanc symbole est la pureté, elle en voyait de toutes les couleurs depuis l’aube ! Bien plus que de garder soigneusement les trésors physiques de sa propriétaire, on eut dit qu’elle ne cherchait qu’à les exhiber… À tout bout de champ le satin immaculé livrait passage à des entrevisions dont le moins à dire, c’est qu’elles résignaient délibérément toute chasteté.