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Page:Georges Damian Une sacree noce 1927.djvu/4

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Josépha donnait le bras à son mari. Car, cette fois, ils étaient positivement époux. Le maire, sanglé de tricolore, y avait passé ainsi que le prêtre en surplis. Époux ! Ils étaient époux ! Ainsi donc, à partir de cette minute, Josépha ne pouvait plus, ne devait plus rien refuser à Hector. (Il se nommait Hector.) Qu’il lui demandât de marcher à quatre pattes ou de se mettre en tenue d’Ève, de jouer les Messaline, les Sapho ou les prudes, elle lui devait obéissance. Ce n’est pas rien de se trouver ainsi réduite en esclavage par quatre paroles latines et le geste d’un adjoint bedonnant sous un drapeau. C’est même énorme, effrayant et redoutable… Et Josépha, en avançant dans la nef, regardait Hector à la dérobée. Saurait-il ce mari, se tenir dans les limites honnêtes et justes, durant l’exercice de son souverain pouvoir ? Cruelle et atroce énigme ! Bah ! songea Josépha, s’il n’y met pas un peu de savoir-vivre, je le ferai cocu… Et soulagée par cette promesse intime, elle osa mieux prendre conscience de son autorité cachée. Le code ne reconnaît point cette autorité de la femme, et il la tiendrait presque pour sacrilège.

Mais le code n’est pas de mise partout. Il existe d’autres circonstances, d’autres armes et d’autres tactiques de combat que celles de la pure légalité maritale, fort heureusement.

Josépha songea alors d’un coup aux luttes qui se déroulent avec le lit comme champ de Mars. Elles permettent à une épouse experte de prendre sur son maître, ce que je nommerai une bonne avance. Avec ça, comme dans les courses de six jours, on peut plus tard, durer sur l’acquis du début et décrocher la timbale. Que dis-je, la