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Page:Georges Damian Une sacree noce 1927.djvu/42

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divans de la chambre obscure. Comme disait Lerousti, ça serait l’honneur de cette noce si la nouvelle mariée, au lieu de perdre sa virginité dans un lieu secret et clos, consentait à la sacrifier dans l’affection et le désir cordial de ses amis, en public ou presque… Mais Josépha ne voulut point. Elle n’était pas, avouons-le, d’une chasteté indéfectible et elle avait goûté déjà des joies dont le mariage est le dispensateur, sans exclusivité. D’où, nécessité, pour elle, d’entourer sa nuit de noce d’une comédie un peu savante, d’une série de scènes graduées et expertes, qui laisseraient d’ailleurs à Hector le meilleur souvenir. Mais le moyen de jouer ce sketch dans ce petit salon secret, avec, à côté de soi, voire sur le même meuble de repos, un autre couple en amour. C’était perdre le bénéfice des longs calculs par lesquels, Josépha s’était assurée de berner son benêt d’époux.

Elle refusa donc d’aller s’épancher à côté et préféra danser, quoique la fatigue lui fit perdre et le sens du rythme à la danse, et le souci de résister aux attouchements insidieux des danseurs. Car tout le monde voulut « en suer une » en sa compagnie. Le potard, qui ne perdait jamais de vue ses certitudes de dandysme et ses préoccupations scientifiques, lui confia même à l’oreille, durant le black-bottom, que si elle y tenait, il lui remettrait une boîte de pommade de concombre. Elle avoua avec une ingéniosité exquise en ignorer l’emploi.

Quant à Hector, il faisait sauter, dans une cachucha de son invention, mitigée de valse, de tango et de chahut, toutes les femmes de la noce. Ni l’âge, ni la dignité ne le faisaient reculer. Il se rendit même dans la pièce à tenture fermante avec la jeune Lerondufess, fille unique du per-