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ESCAL-VIGOR

Elle supporta donc les importunités et les taquineries du satyre en se bornant à se dérober de son mieux à ses violences.

La résistance, le mépris de Blandine ne faisaient qu’exaspérer le désir du ruffian. Il fut même un jour sur le point de lui imposer son odieuse passion, lorsqu’elle s’arma d’un couteau de cuisine oublié sur la table et menaça de le lui plonger dans le ventre.

Puis, comme il reculait, éplorée, elle courut vers l’escalier, décidée à monter à la chambre du comte et à lui dénoncer l’indigne conduite du drôle.

— À ton aise ! ricana Landrillon blême de rage et de concupiscence, résolu, lui aussi, à recourir aux extrémités. Mais à ta place je n’en ferais rien. Je ne crois pas que tu sois la bienvenue, là-haut. Il t’en voudra au contraire de l’avoir dérangé. Car si tu en tiens toujours pour lui, il se moque bien de toi, ton ancien amoureux !

— Que voulez-vous dire ? protesta la jeune femme en s’arrêtant sur la première marche.

— Inutile de faire la sainte nitouche… On sait ce qu’on sait, pardine !… Tu as été sa maîtresse, ne t’en défends point.