Page:Georges Eekhoud - Escal-Vigor.djvu/155

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
147
ESCAL-VIGOR

son atelier avec Guidon ou qu’ils étaient allés se promener, Landrillon en profitait pour harceler la jeune femme. Il la poursuivait d’une pièce dans l’autre et, pour échapper à ses entreprises, elle devait s’enfermer dans sa chambre. Encore menaçait-il d’enfoncer la porte.

Comme à la ville, du temps de la douairière, Henry n’avait pour le servir à demeure que Blandine et Landrillon. Les cinq gars de Klaarvatsch attachés à sa personne ne logeaient pas au château. De sorte que bien souvent la pauvre économe se trouvait abandonnée presque à la merci de ce drôle.

La vie devint insupportable à la jeune femme. Si elle s’abstint de se plaindre à Kehlmark, ce fut parce qu’elle croyait encore ce plaisantin trivial, ce loustic de bas étage, indispensable à l’amusement d’Henry. Tel était son dévouement au Dykgrave que la noble enfant se fût fait scrupule de le priver du moindre objet capable de le distraire de sa mélancolie et de son abattement. Ainsi voyait-elle avec stoïcisme et renoncement l’influence que le petit Govaertz prenait sur l’esprit de son maître et s’efforçait-elle même de sourire et de plaire au favori de son amant.