— Votre sainte aïeule, ma protectrice, m’a élevée jusqu’à vous, mais elle m’apprit surtout à vous aimer ! ajouta-t-elle avec une déchirante flexion de voix qui fit se contracter le cœur de Kehlmark.
— Eh oui, je le sais bien, ma pauvre Blandine ! moi aussi, je t’affectionne et je me fie complètement à toi !… C’est pourquoi je suis étonné de te voir pactiser avec les envieux et les malveillants…
Je n’ai rien à me reprocher sache-le bien. La protection que mon aïeule t’accorda, j’en fais profiter aujourd’hui ce jeune paysan. Et c’est toi qui viendras à présent incriminer le bien que je veux à cet enfant méconnu et déshérité ? Ah Blandine, je ne te reconnais plus… Guidon est un garçon admirablement doué, d’une nature exceptionnelle… Il m’intéressa dès le jour où je le vis pour la première fois…
— Ce soir maudit de la sérénade !
Le comte fit semblant de n’avoir pas entendu cette parole amère et poursuivit :
— Je me suis plu à l’élever, à l’instruire, à en faire le fils de ma pensée, à partager tout mon savoir avec lui. Qu’y a-t-il de répréhensible à cela ? Je l’aime…