dit Kehlmark, la première fois qu’il se trouva seul avec elle.
— Pardonnez-moi, Henry, je n’en puis plus. J’ai trop présumé de mes forces. Vous n’aimez plus que lui. Le reste du monde a cessé d’exister pour vous. C’est à peine si vous m’accordez encore un regard ou une parole…
— Eh bien, oui, dit-il avec résolution, avec une certaine solennité, mais avec ce courage du stoïque qui exposait le poing aux flammes d’un brasier — oui, je l’aime par-dessus toute chose. En dehors de lui, je ne vois plus de salut pour moi…
— Aime une autre femme ; oui, si tu es fatigué de moi, prends cette Claudie qui te convoite de toute l’effervescence de sa chair, mais…
— Quand je te jure que cet enfant me suffit…
— Oh, ce n’est pas possible !
— Je n’aime, je n’aimerai plus que lui !
Kehlmark savait qu’il portait un coup terrible à sa compagne, mais lui-même était excédé ; l’arme dont il la frappait, il la retournait dans sa propre blessure ; il avait passé, faut-il croire, par de telles tortures, qu’il se trouvait dans la situation du damné, avide de faire partager son supplice.