Page:Georges Eekhoud - Escal-Vigor.djvu/189

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
181
ESCAL-VIGOR

— Qu’a donc madame Blandine ? demandait le petit Guidon à son ami. Je lui trouve si étrange mine…

— Une légère indisposition, un rien. Cela passera. Ne t’inquiète pas.

Souvent la pauvre femme allait et venait dans la maison comme une agitée, battant les portes, dérangeant les meubles à grand fracas, avec des envies de briser quelque chose, de crier son intolérable souffrance, mais si elle se croisait alors avec Kehlmark, celui-ci la matait, la domptait d’un regard.

Un jour que Landrillon l’avait particulièrement énervée, en la menaçant de ne plus épargner Kehlmark si elle ne se donnait à lui, elle se déroba encore à cette odieuse extrémité, et la tête un peu partie, fit une brusque intrusion dans l’atelier où le comte se trouvait avec son disciple. Ce fut plus fort qu’elle. Elle ne put s’empêcher de lancer au petit paysan un regard de réprobation. Les deux amis étaient en train de lire. Aucun des trois ne dit un mot. Mais jamais silence ne fut plus chargé de menace. Elle sortit aussitôt, alarmée des suites de cette incartade.

— Blandine, vous oubliez nos conventions ! lui

12