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ESCAL-VIGOR

La visite de Claudie avait laissé Kehlmark dans un état de dépression qu’il n’avait plus connu ces derniers temps. Il se désolait de la haine que lui porterait cette virago. Il se reprochait même de ne pas lui avoir confessé la vérité. Mais c’eût été trahir Guidon, le perdre peut-être. Non, ce qu’il avait pu avouer à une sainte comme Blandine, il ne pouvait s’en ouvrir auprès d’une créature aussi grossière que Claudie. À plus juste titre, il se repentait de la comédie amoureuse qu’il avait si longtemps jouée auprès d’elle.

Guidon, énervé par le malaise de son ami qui crut devoir lui taire cette démarche de Claudie, avait manifesté l’intention de sortir et de faire un tour de foire, dans l’espoir que le grand air le remettrait.

Henry s’efforça de le retenir, de le dissuader de cette sortie.

Mais il semblait au jeune Govaertz qu’on l’appelât impérieusement là-bas, au village. Des embûches occultes, des fluides maléfiques les entouraient.

— Non, laisse-moi, finit-il par dire à Kehlmark, à deux nous augmenterons encore notre fièvre et l’horripilation inhérente, faut-il croire, à cet anni-