Page:Georges Eekhoud - Escal-Vigor.djvu/43

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
35
ESCAL-VIGOR

demanda la paysanne en balbutiant avec affectation.

Une nouvelle expression de furtif mécontentement passa sur la physionomie de Kehlmark. Ce nuage n’échappa non plus à la futée villageoise. « Tant mieux, songeait-elle, la mijaurée semble déjà l’avoir excédé ! »

— Vous voulez parler de mademoiselle Blandine, mon économe, fit Kehlmark d’un air enjoué ! Excusez-la. Elle est très occupée et, de plus, extrêmement timide… Son grand plaisir consiste à préparer et à diriger, dans la coulisse, mes petites réceptions… Elle est quelque chose comme mon maître de cérémonies, le régisseur général de l’Escal-Vigor…

Il riait, mais Claudie trouva ce rire un peu pincé et étranglé. En revanche ce fut avec une intonation sincèrement attendrie qu’il ajouta : « C’est presque une sœur… À deux nous avons fermé les yeux à mon aïeule ! »

Après un silence : « Et vous viendrez nous voir, aux Pèlerins, monsieur le comte ? » demanda Claudie, un peu inquiétée, dans ses spéculations matrimoniales, par la flexion presque fervente des dernières paroles d’Henry.

— Oui, monsieur le comte, vous nous feriez