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ESCAL-VIGOR

sa niche et, par la chatière ouverte dans la porte de l’étable, s’estompent deux vaches mastiquant le trèfle nouveau.

Blandine se suggérera bien des années encore, à Smaragdis, les alentours de sa borde familiale au pays de Campine. La Nèthe court non loin de là et se livre à des méandres buissonniers ; un de ses bras morts se perd derrière le courtil dans les pacages marécageux. Les vertes drévilles, ou petites allées d’aulnes hirsutes et de saules gibbeux que circonviennent à la saison les chèvrefeuilles parfumés, accompagnent en chaperons jaloux, la course de la rivière argentée, qui, là-bas, aux confins du village, fait tourner un moulin à eau pour la grande joie de la marmaille.

L’intendante de l’Escal-Vigor se rappelle, derrière les prairies et les cultures, une morne étendue de bruyère, au milieu de laquelle se renfle un mamelon où des genévriers noirs et difformes s’accroupissent comme un conventicule de cabouters, — farfadets de la garigue — autour d’un hêtre isolé — arbre si rare dans cette région, qu’un oiseau de passage dut en laisser choir la graine.

Cet arbre miraculeux appelait évidemment une de ces petites figurines de la Vierge, renfermées