Page:Georges Feydeau - La dame de chez Maxim.djvu/201

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La Duchesse.

Ah ! quand j’y pense !…

La Môme, se levant.

Oh ! mais que vois-je ? Votre verre est vide ! Permettez-moi de vous débarrasser.

Le duc s’est rapproché, dans le but de débarrasser sa mère du verre en question. Mais la présence de la Môme, devant lui, l’empêche d’aller jusqu’au bout de son intention et il reste ainsi sur place, tout contre la Môme et la main prête à prendre l’objet qu’on lui tendra.
La Duchesse, gracieusement.

Oh ! mais, laissez donc !… (Avec intention, pour montrer qu’elle a profité de la leçon.) Le larbin est là !

La Môme, insistant.

Mais, du tout ! du tout !


De la main gauche, elle prend le verre des mains de la duchesse puis, en se retournant, se trouve nez à nez avec le duc qui, intimidé sous son regard, recule instinctivement. Elle s’arrête un quart de seconde tout contre le duc et les yeux plongés dans les siens. Celui-ci, très gêné, ne sait où poser son regard et détourne légèrement la tête. La Môme lentement le contourne, en passant devant et tout contre lui, retrouvant quand même ses yeux ; puis une fois arrivée à sa droite (c’est-à-dire no 1, par rapport à lui no 2), au moment de remonter et quand elle est dos au public, bien près de lui, de sa main droite, elle saisit la main droite du duc qui pend le long de son corps, lui imprime une forte pression qui force le duc, tout décontenancé, à plonger sur lui-même, et, trébuchant, l’envoie à gauche, tout près du dossier de la chaise. Pendant ce temps, avec un air de ne pas y toucher, la Môme remonte jusqu’au buffet déposer son verre.